Homélies du Dimanche 27-08-2023

Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ?

Frères et sœurs, dimanche dernier l’histoire de cette femme cananéenne avec Jésus a retenu notre attention. C’est une femme étrangère, elle appartient à une tribu hostile aux juifs. Cette femme fait connaître sa foi en Jésus malgré les rejets et les humiliations de celui-ci. Elle défie l’étroitesse d’une tradition qui limiterait la miséricorde de Dieu à quelques choisis, et elle en est généreusement récompensé. La foule et les Apôtres ont appris ce jour-là que le Seigneur est venu pour tous, juifs et non-juifs.

Oui frères et sœurs, le salut est pour tous. Mais celui par qui vient ce salut, le connaissons-nous vraiment ? Lui-même sait bien ce qui se raconte sur sa personne et décide de faire un sondage. Il commence par interroger ces intimes : les apôtres. Il leur demande : « Au dire des gens, qui est le Fils de l'Homme ? » Les réponses sont diverses : certains disent qu’il est Jean-Baptiste ou Élie ou Jérémie… Les gens le voient donc comme un prophète, et pas n’importe lequel, ils le situent dans la lignée des grands prophètes, ceux dont parlent les Écritures, ceux qui ont fortement marqué l’histoire de leur peuple. Il va maintenant leur demander : « Pour vous qui suis-je ? ».

Comme il arrivait si souvent, c’est Pierre qui spontanément prend la parole : Nous le savons bien, à t’entendre parler, à te voir agir, pour nous, c’est devenu clair : Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. Jésus est sûrement très heureux de ce qu’il entend car cette déclaration de foi lui fait constater que Pierre et ceux et celles qui se suivent découvrent de plus en plus qui il est. Ils n’hésitent pas à affirmer avec force le caractère tout à fait exceptionnel de sa personne. Jésus poursuit par une observation qui doit attirer notre attention : Ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Jésus fait remarquer à ses disciples qu’il y a une différence essentielle entre ce que disent les gens et ce que vient d’affirmer la foi de Pierre et en conséquence leur foi à eux. La foi chrétienne frères et sœurs n’est pas le résultat d’une réflexion purement humaine, d’une discussion, la foi est une grâce, un don de Dieu. Et pourtant, Jésus va défendre à ses disciples de révéler cette bonne nouvelle à quiconque. Pourquoi ?

Parce qu’il ne suffit pas d’affirmer quelque chose : il faut aussi bien la comprendre. Lorsque Jésus annonce “qu’Il va souffrir beaucoup, qu’il sera rejeté par les anciens, les chefs des prêtres et les scribes, qu’il sera tué et que trois jours après il ressuscitera”, alors Pierre se mettra à lui faire de vifs reproches : ce n’est pas ce destin-là que Pierre avait imaginé pour le Messie. Pierre ne comprend pas cela, il se met littéralement en travers de son chemin et il se fait traiter de “Satan” par Jésus.

Et nous ? frères et sœurs, que comprenons-nous aujourd’hui de Jésus ? Et que comprennent nos contemporains ? N’est-ce pas bien difficile de suivre ce qu’Il dit et qui va à sens contraire du comportement social actuel ? Renoncer à soi, prendre sa croix, n’est-ce pas carrément masochiste ? “Trop dur ! Laisse tomber !” serions-nous tentés de dire aujourd’hui ?

Frères et sœurs, la dernière question que pose Jésus à ses disciples : « Pour vous qui suis-je ? » requiert une réponse décisive qui engage la relation du disciple avec son maître. Pierre répond au nom de tous sans doute : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! ». C’est par révélation du Père et par une aide particulière du Saint-Esprit, que Simon Pierre a confessé publiquement et avec justesse la divinité de Christ. Cette réponse va valoir à Pierre la déclaration suivante : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas: ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l'emportera pas sur elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux ».

Comme dans la première lecture tirée du livre du prophète Isaïe, (Is 22, 19-23), Dieu confie la clé de sa maison à Eliakim après l’avoir retirée à Shebna pour qu’il soit un père pour les habitants de Jérusalem et pour la maison de Juda. C’est donc à l’Église que sont remises les clés du Royaume, et de manière particulière à Pierre, en tant que représentant de toute la communauté chrétienne composée de tous les baptisés. Quelle confiance Dieu fait à son Église en lui remettant les clés de son royaume ! Dans la deuxième lecture (Rm 11, 33-36), saint Paul nous rappelle que les décisions de Dieu sont insondables et ses chemins sont impénétrables ! Quelle profondeur dans la richesse, la sagesse et la connaissance de Dieu », écrit Paul aux Romains. Ainsi si Dieu confie les clés du Royaume à son Eglise car désormais, l’Eglise est appelée à ouvrir les portes de sa maison, étendre ses bras pour accueillir, pardonner, relever, délier ses enfants du péché.

Chers frères et sœurs, en effet, Jésus a confié à l’Eglise les clés du Royaume des cieux, non pas pour condamner, pour fermer ou enfermer, mais pour libérer, pour ouvrir les cœurs et les intelligences au mystère du royaume des cieux. Prions pour l’Eglise à qui les clés du Royaume des cieux sont confiées, pour qu’elle serve à la libération, à la guérison et au salut de l’humanité tout entière.

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