Homélies du Dimanche 20-08-2023

Femme, grande est ta foi !

Frères et sœurs, Dimanche dernier, le Christ nous invitait à garder la foi face aux épreuves, aux tempêtes qui pourraient nous désorienter jusqu’à manquer de confiance en Lui. C’est ensemble que nous pouvons construire cette communauté de foi en ce Dieu qui rassemble tous les peuples de la terre.

Aujourd’hui, les lectures qui sont proposées à notre méditation nous rappellent fondamentalement que Dieu aime tous les peuples, et que seul la foi permet d’accueillir effectivement son amour. Dans la première lecture tirée du livre d’Isaïe (56,1-7), par la bouche du prophète, Dieu invite les étrangers, les païens, à bénéficier, eux aussi, de ses grâces. Il déclare que sa maison s’appellera maison de prière pour tous les peuples ; il n’y aura plus des privilégiés et des exclus. Tous, juifs et non-juifs sont invités au salut, à condition de mener une vie qui s’éloigne du mal et de l’injustice, de s’attacher au Seigneur et d’accomplir sa volonté.

Dans l’évangile, c’est Jésus qui nous manifeste cette promesse de l’ouverture du salut de Dieu à tous les peuples. Une femme païenne s’approche courageusement de Jésus et sollicite avec persévérance la délivrance pour sa fille tourmentée par un démon. Mais Jésus lui répond par le silence. Agacés par l’insistance de cette femme ou bien pris de compassion pour elle, les apôtres invitent Jésus à lui donner satisfaction, à exaucer sa demande. Mais Jésus semble être toujours dans la logique du refus. « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël…il n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens », dit-il à la femme cananéenne. Cependant, même cette image (de petits chiens) utilisée par Jésus, une image apparemment choquante, propre à la manière juive de parler des païens, ne peut bouleverser la femme au point de renoncer à sa demande. Bien au contraire. « C’est vrai Seigneur, dit-elle, mais justement les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres ».

Mais au fait, pourquoi cette femme ne perd pas son courage malgré les attitudes apparentes du refus que Jésus lui manifeste ? C’est parce qu’elle croyait, au-delà de toutes ses attitudes, que Jésus finira par exaucer sa demande. Et c’est cela sa foi que justement Jésus reconnaît et loue en lui disant : « femme ta foi est grande, que tout se fasse pour toi comme tu le veux ».

Frères et sœurs, cet épisode a dû marquer la jeune communauté chrétienne qui écrit cet évangile, par son ouverture aux païens. La question qui se dégage est : doit-on rester entre nous, les juifs convertis, ou nous ouvrir à d'autres perspectives, à d’autres peuples ? Est-ce que croire en Dieu, c'est, comme le fait le peuple d'Israël, suivre strictement la loi ou comme le dit le prophète Isaïe : « observer le droit, pratiquer la justice » ?

Si nous restons figés sur nous-mêmes, en Église, dans tous nos « ça ne se fait pas » ou dans « on n'a jamais fait comme cela », nous risquons de passer à côté de la foi renouvelante de certains. Si Jésus n'avait pas écouté les cris de cette Cananéenne, aurait-il ouvert son Église aux nations ?

Frères et sœurs, Ce qui nous rend proches de Dieu, ce ne sont pas les rites ou les observances, mais la foi en Jésus-Christ qui nous sauve. Avons-nous besoin de salut ou de certitudes ? Les certitudes c'est plus facile, car au moins nous savons où nous allons : ça c'est bien ou ça c'est mal ! Les rites, mêmes s'ils sont nécessaires, ils ne sont pas au service de la foi si nous ne savons pas les dépasser.

Les textes d'aujourd'hui nous invitent donc à un décentrement difficile : nous ne sommes pas Dieu, nous ne sommes pas propriétaires des dons qu'il fait et nous n'avons pas à choisir à qui il les fait. Mais nous avons à rendre grâce pour tout ce qu'il donne et pour ceux à qui il donne. L’Apôtre Paul nous le rappel fortement dans la seconde lecture : « les dons gratuits de Dieu son sans appel et sont sans repentance ».

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